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Kamala Harris entend s’attaquer aux « profits abusifs »

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Aux Etats-Unis également, le personnel politique fait des promesses qui ignorent la réalité économique !

Dans le programme économique de 82 pages de la candidate démocrate figure à de multiples reprises le terme « price gouging » (1)

Qu’est-ce que le « price gouging » ?

Le price gouging (« prix abusifs ») concerne une entreprise qui tirerait profit d’une situation de crise ou de catastrophe naturelle pour augmenter ses prix à un niveau bien au-delà de la normale (par exemple en doublant le prix de bouteilles d’eau après le passage d’un ouragan). S'il existe déjà une législation en vigueur dans 37 États, Kamala Harris voudrait élargir le champ d'application aux produits alimentaires car, d’après les données du U.S Bureau of Labor Statistics, les prix alimentaires ont augmenté de 24,5 % entre mars 2020 et août 2024.

Regardons plus en détails les chiffres des chaînes de distribution Walmart, Costco, Albertsons, Kroger et Target (soit plus de 1000 milliards de dollars de chiffre d’affaires cumulés aux États-Unis). Si Kamala Harris pense que les distributeurs alimentaires américains ont fait du profit de manière abusive, cela devrait se refléter dans l’évolution du taux de marge brute de ces groupes (la marge brute représente la somme des ventes moins les coûts d’achats). Or les cinq acteurs enregistrent une baisse de leur taux de marge brute sur la période 2019-2023 (Walmart passe par exemple de 27 % à 26,8 %). Pourquoi ? Tout simplement parce que ces entreprises ont été confrontées à une hausse des coûts des matières premières, énergétiques et logistiques suite aux perturbations des chaînes d’approvisionnement. Le taux de marge opérationnelle, ce qui reste après avoir payé les salaires, amène à la même conclusion : il n’y a pas eu de profits abusifs de la part des distributeurs alimentaires. En effet, sur la même période, les salaires ont pesé sur la profitabilité en augmentant de 22,6 % et, faut-il le rappeler, la grande distribution est un pourvoyeur d’emplois important (Walmart compte 1,6 million de salariés aux États-Unis).

Une méconnaissance de la réalité économique

Le modèle économique d’un distributeur alimentaire est de maintenir les prix les plus attractifs possibles pour attirer davantage de clients. En effet, si un distributeur monte ses prix pour améliorer son taux de marge brute, sa position concurrentielle va s’affaiblir et le consommateur ira faire ses courses ailleurs. Alors pourquoi la candidate démocrate cible-t-elle spécifiquement les prix alimentaires ? Premièrement, parce que l’idée est populaire chez les électeurs qui, selon divers sondages, souhaiteraient un contrôle des prix. Deuxièmement, en désignant les distributeurs alimentaires comme responsables de l’inflation, Kamala Harris cherche à s’exonérer de toute responsabilité, alors qu’elle a contribué au plan de relance Biden de 1.900 milliards de dollars consistant à distribuer des chèques aux ménages américains. Cet argent injecté dans l’économie pour stimuler la demande, en pleine période de pénurie d’offre liée aux contraintes d’approvisionnement, a donc conduit à des hausses de prix et une augmentation de l’inflation.

Autre mesure économique présentée dans le programme démocrate: le versement d’une prime de 25000$ pour toute personne souhaitant acquérir son premier logement, ce qui concernerait un million de locataires, soit un coût estimé à 25 milliards de dollars. Ce qui ne manquera pas de conduire à une hausse des prix des maisons. Mais peut-être faudra-t-il alors également une loi pour empêcher les vendeurs de monter leurs prix ?

Les politiciens ne peuvent s’affranchir des lois économiques d’un trait de stylo

Dans une économie libre, les prix sont définis par l’offre et la demande. Les tarifs des hôtels, des avions, des trains, des spectacles ou de l’immobilier sont définis librement. Si l’État intervient en faveur d’une partie, il en lésera forcément une autre. Prenons l’exemple du Venezuela où existe un contrôle des prix. En maintenant des prix trop bas (en dessous du coût de production), que se passe-t-il ? Les rayons des supermarchés se vident. Car si l’État peut contrôler les prix, il ne peut pas forcer à produire à perte !

Il n’est pas abusif pour une entreprise d’augmenter ses prix pour répercuter la hausse de ses coûts. Mais vouloir contrôler les prix pour fixer l’inflation a toujours conduit à des pénuries et ruiné les économies. D’ailleurs, Donald Trump s’est empressé de critiquer la proposition de Kamala Harris en la qualifiant de « communiste ». Bruno Le Maire n’a-t-il pas d’ailleurs déclaré « j’ai sauvé les usines, j'ai sauvé les restaurateurs, j'ai sauvé les hôteliers, j'ai sauvé le monde de l'événementiel, j'ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique », en mettant notamment en place des boucliers énergétiques pour plafonner les prix de l’énergie. Le tout au prix de 1,000 milliards de dettes supplémentaires. Comme quoi, on peut se vanter d’avoir « sauvé l’économie française » tout en ayant ruiné la France.

(1) https://kamalaharris.com/wp-content/uploads/2024/09/Policy_Book_Economic-Opportunity.pdf