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Un mois après l’élection de Donald Trump, les marchés financiers sont-ils devenus trop confiants ?

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Les marchés financiers anticipent déjà les effets potentiels de la politique économique de Donald Trump. La vue consensuelle est une pression haussière sur les taux d’inflation, d’intérêt et le dollar.

De nombreux facteurs plaident pour un dollar fort, comme : 1) le différentiel de taux d’intérêt (avec des taux directeurs attendus en 2025 aux alentours de 4% aux États-Unis et 2% en Europe); 2) le différentiel de croissance avec une prévision pour l’année prochaine aux alentours de 2,1% aux États-Unis et 1,2% en Europe. Finalement, le PIB américain s’écarterait peu de sa trajectoire récente malgré l’application du programme de Donald Trump car, étant donné la robustesse actuelle de l’économie américaine, il paraît difficile de faire mieux.

Mais si l’inflation ralentissait ?

Le consensus de marché est que le programme économique de Donald Trump est inflationniste. Certes, une hausse des droits de douane (une taxe sur les ventes) est supposée renchérir les prix des biens vendus sur le marché intérieur, tandis que l’expulsion des immigrés illégaux devrait conduire à une pression à la hausse sur les salaires. Mais Donald Trump a indiqué qu’il souhaitait promouvoir la production des énergies fossiles domestiques (afin de réduire la facture pour le consommateur américain). De plus, si la mise en place de droits de douane a tendance à favoriser la monnaie du pays qui les impose (en 2018, après que les États-Unis ont imposé une hausse des droits de douane de 25% sur les biens en provenance de Chine, le renminbi a baissé de 10% par rapport au dollar), il n’est pas certain que Donald Trump applique réellement les 60% sur la Chine. En effet, ce dernier a un style de présidence basé sur la négociation et utilise une position extrême comme point de départ dans le but d’obtenir un accord favorable. Dans les faits, le président sera sans doute plus modéré que le candidat. En tout cas, le message semble avoir été reçu cinq sur cinq par Christine Lagarde (la présidente de la BCE) qui conseille désormais d’acheter du GNL américain. Ces éléments pourraient conduire à une baisse du prix de l’énergie et donc de l’inflation, et permettre ainsi à la Fed de baisser ses taux plus vite, ce qui affaiblirait le dollar. Enfin, il n’est pas à exclure une diminution du dollar dans les échanges internationaux, suite à la volonté des pays des BRICS de remplacer le dollar par une autre monnaie. Une menace jugée inacceptable pour Donald Trump qui a récemment menacé ces pays de droits de douane de 100 % s’ils boycottaient le dollar.

Les implications pour les marchés financiers

Le programme de Donald Trump (qui laisse entrevoir des baisses d’impôts importantes pour les particuliers et les entreprises) rappelle celui des « Reaganomics ». Le mois suivant l’élection de Ronald Reagan (en novembre 1980) le S&P 500 a monté de plus de 8% avant d’entamer un cycle baissier de plus de 25% étalé sur près de deux ans. A l’époque, la valorisation de l’indice était bon marché à moins de 8 fois les bénéfices, et la détention d’actions par les ménages américains était faible (moins de 10%). Aujourd’hui, le S&P 500 traite à 25 fois les bénéfices, soit l’un des niveaux les plus élevés ces dernières décennies, tandis que le taux de détention d’actions par les ménages américains est au plus haut à 41%. L’euphorie semble donc bien dominer, reflétée dans le cours du bitcoin proche de 100.000 dollars (la cryptomonnaie pourrait potentiellement concurrencer le dollar comme réserve de valeur). Le Vix (indice de la peur), quant à lui, évolue actuellement sur des niveaux historiquement bas.

Pourtant, les conséquences économiques de la politique de Donald Trump pourraient conduire à une plus grande instabilité géopolitique, ce qui ajouterait une prime de risque supplémentaire. Or, la baisse du marché action réduirait l’effet richesse ayant permis jusque-là à l’économie américaine de tourner à plein régime. Dans ces conditions, l’euphorie suivant l’élection de Donald Trump aura été de courte durée.