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Un bilan boursier peu flatteur pour Emmanuel Macron

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Emmanuel Macron se complaît à brocarder les programmes économiques du Front populaire et du RN pour mieux les disqualifier : « on est chez les fous ». Le président a même déclaré récemment : « ce sont des programmes qui n’ont soit pas d’honnêteté politique, soit qui font porter un très grand danger, pas seulement à l’économie française et à ses taux d’intérêt, mais je crois à nos compatriotes, contribuables, épargnants ».

Une idée largement répandue voudrait qu’Emmanuel Macron serait meilleur pour attirer les investisseurs. Certes, la réforme de la fiscalité du capital au début de son premier quinquennat, avec la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) a baissé le taux moyen d’imposition des actionnaires. Mais ces derniers se sont-ils enrichis durant les sept années de présidence d’Emmanuel Macron ?

Prenons l’exemple d’un actionnaire français ayant investi 100 euros au moment de l’élection d’Emmanuel Macron (performances du 5 mai 2017 au 21 juin 2024)

IndiceGain pour l’actionnairePerformance (%)
DAX143 euros43 %
CAC 40140 euros40 %
MSCI EMU127 euros27 %
MSCI EMU Small Cap123 euros23 %
CAC Mid & Small99 euros-1 %

Deux constats s’imposent.

Le premier est que le CAC 40 (indice des 40 plus grandes valeurs françaises) a monté de 40 % sur la période, ce qui est une bonne performance, mais légèrement plus faible que le DAX (indice allemand).

Le deuxième est que les cinq plus grandes valeurs de l’indice CAC 40 sont des entreprises internationales réalisant plus de 90 % de leur chiffre d’affaires à l’international. Par conséquent, ces entreprises ayant leurs principaux débouchés en dehors de France, leurs performances boursières sont peu représentatives de la performance de l’économie française.

 Poids (en %) dans le CAC 40Chiffre d’affaires (en %) en France
LVMH10 %8 %
Total9 %5 %
Schneider7 %6 %
L’Oréal6 %6 %
Sanofi6 %3 %

Il est donc plus intéressant de regarder la performance des plus petites valeurs avec le CAC Mid & Small qui est un indice boursier français composé de capitalisations boursières de l’univers des PME. Parmi les cinq premières valeurs de l’indice figure notamment des titres comme Spie (38 % des ventes en France), leader européen des services multi-techniques dans les domaines de l’énergie et des communications, et Elis (31 % des ventes en France), spécialisée dans le domaine du nettoyage et de l’hygiène.

La performance du CAC Mid & Small a été de -1 %. Certes, une part de la sous-performance s’explique par le fait que le segment des petites valeurs a davantage souffert que celui des grandes valeurs (avec la préférence des investisseurs pour la liquidité en phase de resserrement monétaire). Cependant, le MSCI EMU Small cap (qui suit les petites capitalisations des pays de l’Union économique et monétaire européenne) a monté de 23 %, battant largement l’indice français.

En conclusion, la perception qu’Emmanuel Macron a réalisé une bonne politique économique ne s’est pas reflétée par davantage de création de richesse pour l’actionnaire en actions domestiques françaises. Au contraire, ce dernier s’est appauvri. Heureusement pour notre président, contrairement aux États-Unis, la performance de la Bourse n’influe pas sur le cours des élections.

Cet article est également disponible sur Contrepoints: https://www.contrepoints.org/2024/06/29/476529-un-bilan-boursier-peu-flatteur-pour-emmanuel-macron