Les Bourses au ciel
Cette fois, c’est la bonne : les Bourses vont monter au ciel
Vous ne comprenez rien à ce qui se passe sur les Bourses mondiales en ce moment ? Vous ne comprenez pas pourquoi elles montent sans discontinuer alors que le ralentissement économique touche la plupart des grands pays, développés et émergents ? Vous êtes énervés, car vous n’avez pas participé à la hausse, pensant que les valorisations étaient déjà beaucoup trop chères ? Eh bien, on ne peut rien pour vous car, selon le consensus ambiant, tout cela va se poursuivre un bon bout de temps…
Si on vous dit que le Dow Jones atteindra 30.000 points d’ici mars, le Nasdaq 10.000 d’ici avril et le S&P 500 5.000 d’ici fin 2020, pourquoi faites-vous cette moue ? Le monde de la finance a changé, il faut vous y faire. Il a trouvé la martingale pour gagner à tous les coups. Et celle-ci a été permise par : les Banques centrales. Voici quelques arguments à ces propos :
- les Banques centrales ont progressivement inondé le marché de liquidités depuis la crise de 2008. Les programmes d’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis et en zone euro combinés aux baisses des taux directeurs (jusqu’à devenir négatifs dans cette dernière région) ont eu pour but de relancer la croissance et d’enrayer les puissantes forces séculaires de la déflation. Ces excès de cash se retrouvent en partie dans les marchés boursiers et provoquent une compression de la volatilité. Dans ce contexte, les bonnes nouvelles ont tendance à être proportionnellement mieux accueillies que les mauvaises, sanctionnées.
- les Banques centrales sont à la manœuvre et elles n’arrêtent pas de répéter que les mesures de soutien seront prolongées autant que nécessaire. Les agents économiques, rassurés, accueillent favorablement les bons indicateurs, les mauvais aussi, car ils sont considérés comme une aubaine pour un assouplissement supplémentaire des autorités monétaires ; tout va donc pour le mieux quoiqu’il arrive. Le retour de l’inflation, s’il reste très hypothétique, ne serait même pas considéré comme un problème, la Réserve fédérale ayant indiqué qu’elle suivait désormais un objectif symétrique d’inflation. C’est-à-dire qu’elle la laisserait filer sans pour autant modifier le niveau des taux directeurs.
- si les Bourses ne corrigent plus, c’est aussi probablement parce que les gérants, traders, humains, trop humains, sont petit à petit remplacés par des algorithmes, de l’intelligence artificielle, et que la gestion passive dépasse désormais la gestion active en volume, au moins aux Etats-Unis. Comme tous les programmes doivent être conçus plus ou moins de la même manière par de brillantes intelligences froides, les mouvements ont perdu de leur amplitude. Jusqu’à quel genre d’événement ?
- spécifiquement aux Etats-Unis (mais ce sont eux qui forment la direction des marchés, n’est-ce pas ?), le nouveau président, pro-finance et adepte de l’art de la négociation, institue un extraordinaire dopage de la confiance. Exemple probant : depuis deux ans et le début du conflit commercial avec la Chine, les marchés actions US ont largement progressé. Quelques tweets vindicatifs quand les marchés sont hauts, quelques tweets positifs quand ils perdent trop aux yeux de Trump. Les droits de douane sont encore en vigueur et la phase 1 n’est pas encore signée. Combien y a-t-il d’accords commerciaux signés avec la Chine dans les cours actuels ?
Tout cela est-il bien sérieux ?
Sérieux ou pas, c’est encore une fois au sommet de cette merveilleuse pyramide de Ponzi, avant le saut de l’Ange qui finira bien par arriver, que vous, cher membre du troupeau des petits actionnaires, capitulerez à la baisse et vous positionnerez de nouveau à la hausse des marchés. Et vous vous prendrez encore une belle tonte. On vous aura pourtant prévenu ; vous n’êtes pas raisonnables, non plus. La Française des Jeux est entrée en Bourse il y a quelque temps, ça aurait dû vous mettre la puce à l’oreille.